Les années 2024-2025 se caractérisent par une transformation profonde, avec des avancées technologiques majeures (IA, cloud, cybersécurité, digitalisation des réseaux) et des choix stratégiques et budgétaires qui questionnent la capacité du Groupe à préserver son niveau d’ambition en innovation. Des constats faits par vos représentants CFDT à partir du Bilan 2024 et des Orientations 2025 de la politique Innovation et qui ont inspiré nos recommandations…
Effectifs et budget, Value streams, gouvernance
La division Innovation en France connaît une baisse continue de ses effectifs (-3,9 % en 2024, projeté à -8,9 % à -13,3 % d’ici 2026), principalement dans les métiers transverses et les fonctions supports, avec seulement 21 recrutements externes en 2024.
La part du budget innovation par rapport au CA diminue encore, passant sous 1,5 %. Le budget innovation affiche une baisse prévisionnelle de 6,9 % en 2025, poursuivant une diminution de 30 % depuis 2009. Les directions IT-S, Networks, Data-IA, et Research sont fortement impactées.
La stratégie d’industrialisation autour des « Value Streams » vise à accélérer la création de valeur et la mutualisation des ressources, avec un budget doublé en 2025 mais représentant seulement 11 % du budget Innovation.
La gouvernance reste très centralisée, avec des décisions (priorisation/arbitrage) prises par le Groupe sans suffisamment associer les équipes terrain et les représentants du personnel.
La CFDT :
- alerte sur les risques de perte de compétences, surcharge, insécurité professionnelle et impact sur l’innovation, notamment en Data, IA, cybersécurité et réseaux.
- demande à la Direction de stabiliser les effectifs sur les métiers prioritaires, d’améliorer la gestion des mobilités, des formations et des besoins projets, et d’adapter la planification RH aux réalités du terrain.
- appelle à clarifier les critères de priorités budgétaires.
- réclame la traçabilité des arbitrages et des projets non retenus pour assurer cohérence et renforcer la transparence sur les arbitrages.
- propose une gouvernance plus démocratique, intégrant les IRP dans la programmation et l’évaluation des projets, ainsi que la création d’instances d’écoute des équipes terrain.
Recherche et IA : une baisse généralisée des moyens
La Recherche, pilier de l’innovation chez Orange, voit son budget réduit de 15,7 % en 2025. Les équipes déplorent un manque de moyens pour les projets à long terme, des difficultés à obtenir des financements internes, et une baisse de participation aux instances de normalisation, projets coopératifs, colloques et conférences.
L’IA générative est une rupture majeure, mais les moyens consacrés à la Data & IA diminuent de 13,9 % en 2025, malgré l’importance de la formation et de l’acculturation des salariés
La CFDT :
- Insiste pour que la Recherche soit un investissement stratégique et non une variable d’ajustement. Il faut valoriser les métiers et reconnaître les qualifications pour maintenir le niveau d’excellence requis par les défis technologiques.
- Appelle à un plan d’investissement ambitieux, à la généralisation de la formation IA (le succès de de Dinootoo et des premiers cas d’usage IA doit être consolidé et élargi), et à un accompagnement humain et éthique renforcé pour les transformations (IA).
RSE et Innovation Responsable : poursuite des efforts
Seul bémol positif, Orange Innovation poursuit ses efforts en RSE (Responsabilité Sociétale et Environnementale), et avance dans la modélisation carbone, l’écoconception, la formation aux enjeux ESG et l’intégration de la RSE dans les feuilles de route. La CFDT encourage ces initiatives en veillant à ce que la RSE soit intégrée de manière concrète dans les pratiques métiers et la stratégie, au-delà de la simple conformité réglementaire.
Nous portons une conviction forte : l’innovation ne peut être durable et performante que si elle s’appuie sur des équipes reconnues, formées, associées aux choix stratégiques et accompagnées dans les évolutions de leurs métiers.
C’est pourquoi la CFDT continuera d’exiger :
- La transparence sur les priorités et les arbitrages budgétaires,
- Un dialogue social renforcé,
- Des politiques de formation ambitieuses et adaptées,
- Un accompagnement humain et éthique des transitions (IA notamment),-
- La reconnaissance et la valorisation des expertises.



